07 juillet 2021
Décryptons les cryptos !
Qu'est-ce qu'une crypto-monnaie ?
Marquant ses débuts pendant les années 90 avec le lancement de B-Money, la cryptomonnaie n’a gagné l’attention du public qu’avec le lancement du Bitcoin en 2009. De manière générale, la cryptomonnaie est une monnaie virtuelle qui est créée, stockée et gouvernée électroniquement par un système cryptographique ouvert et décentralisé. La particularité des cryptomonnaies, notamment du Bitcoin, est l’absence d’une autorité monétaire unique. En effet, les échanges via ces monnaies sont inscrits dans un registre public, ou Blockchain, ouvert et partagé par un réseau d’ordinateurs connectés qui sont récompensés pour enregistrer et valider les transactions. Ce registre public est constitué d’une liste de transactions authentifiées, permettant une transparence pour les utilisateurs du réseau en matière de vérification des transactions passées.
A fin mars 2021, le Bitcoin représente près de 60% de la capitalisation totale des cryptomonnaies, soit environ 1 700 Mds de dollars, tandis que les 40% restant sont constitués d’un grand nombre de supports hétérogènes :
Source : CoinMarketCap
Comment fonctionnent les crypto-monnaies ?
Un écosystème de la cryptomonnaie dynamique est celui où ses monnaies sont (i) créées, (ii) stockées et (iii) échangées.
I. CRÉÉES PAR LES « MINERS »
Le minage est l’acte d’enregistrer des transactions dans un registre public ou Blockchain qui permet au miner de débloquer une récompense (i.e. Bitcoin). Le mining permet non seulement d’améliorer l’authenticité des transactions dans le registre public mais également d’extraire ces cryptomonnaies pour augmenter la masse des Bitcoin en circulation. Néanmoins, ce processus nécessite des ressources considérables en termes d’énergie et de puissance des ordinateurs.
II. STOCKÉES DANS DES PORTEFEUILLES
Similairement aux portemonnaies classiques, les cryptomonnaies sont stockées dans des portefeuilles dits (i) hot wallets, connectés à Internet ou (ii) cold wallets, permettant à l’utilisateur de détenir des cryptomonnaies dans une clé USB, réduisant ainsi le risque de vol.
III. ÉCHANGÉES
Plusieurs cryptomonnaies peuvent être échangées contre des monnaies traditionnelles ou être utilisées pour l’achat de biens et de services. En terme d’investissement, l’utilisation des cryptomonnaies dans le marché des futures, pour la levée de fonds et en tant qu’ETF a permis d’augmenter les transactions via cette nouvelle monnaie.
BLOCKCHAIN LA TECHNOLOGIE DERRIÈRE LA CRYPTOMONNAIE
DE LA MONNAIE FIDUCIAIRE (FIAT MONNEY) à LA CRYPTOMONNAIE ?
La cryptomonnaie ne répond pas aux critères de ce que constitue une monnaie traditionnelle. En effet, afin qu’une monnaie soit acceptée, elle a besoin de fonctionner en tant que (i) réserve de valeur, (ii) intermédiaire dans les échanges et (ii) unité de compte. Néanmoins, la forte volatilité des cours ne leurs permet pas d’être considérées comme une unité de compte et donc ne les conformerait pas aux critères d’une monnaie.
De plus, l’instabilité de leur valeur ne leurs permet pas de fonctionner en tant que réserve de valeur.
Parallèlement, les monnaies traditionnelles ont tendance à constituer un monopole naturel grâce à leur efficience, et les périodes d’hyperinflation ne sont pas assez fréquentes pour conduire les investisseurs à chercher une alternative à ces monnaies sur le long terme.
Notons aussi que la volatilité de la cryptomonnaie est bien plus élevée que celle des devises traditionnelles tandis que sa liquidité n’est pas toujours assurée, ni sa convertibilité.
Enfin, l’anonymat des transactions fait de la cryptomonnaie un obstacle à son application. En effet, dans un environnement de fraude, de terrorisme et de blanchiment d’argent, il serait difficile d’imaginer une autorité monétaire accepter l’anonymat des transactions. De ce fait, les cryptomonnaies pourraient difficilement remplacer la monnaie traditionnelle.
BLOCKCHAIN :
L’ÉVOLUTION DES SYSTÈMES CENTRALISÉS
La Blockchain est une chaîne de blocs qui contient des informations telles que les caractéristiques d’une transaction crypto monétaire (émetteur, destinataire et montant transigé). Chaque bloc est constitué d’une suite de caractères unique, dénommée hash, et du hash du bloc précédent. Afin qu’un bloc soit ajouté à la chaîne, le hash relatif au bloc précédent doit être équivalent au hash du bloc à ajouter.
Chaque membre qui appartient au réseau détient une copie de la Blockchain et devrait s’assurer de l’authenticité de chaque nouveau bloc à rejoindre la chaîne en vérifiant que le hash du bloc à ajouter est équivalent au hash du bloc précédent. Par conséquent et contrairement à un réseau centralisé, le risque d’erreur ou de fraude est diminué.
Grâce à la présence de plusieurs copies des données (contre une seule copie selon un registre centralisé), la Blockchain est plus difficile à attaquer. En effet et afin que l’attaque soit réussie, le système devrait cibler toutes les copies du registre. La Blockchain permet également d’authentifier des transactions à coût réduit, avec une efficacité améliorée grâce à l’absence d’un tiers de confiance et une meilleure liquidité en raison d’une période de règlement réduite. Ainsi, ces avantages ont conduit à l’application de la Blockchain dans plusieurs secteurs et notamment dans l’utilisation des Smart Contracts
LE MAROC QUEL CONTEXTE POUR LES CRYPTOMONNAIES ?
UN CADRE RÈglementaire VERROUILLÉ…
L’article 339 du Code Pénal stipule que « la fabrication, l’émission, la distribution, la vente ou l’introduction sur le territoire du Royaume des signes monétaires ayant pour objet de suppléer ou de remplacer les monnaies ayant cours légal, est punie d’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 500 à 20 000 dirhams ». Suite à l’annonce par la société numérique MTDS de l’acceptation des paiements par cryptomonnaie, l’AMMC, le Ministère des Finances, l’Office des Changes et Bank Al-Maghrib ont publié des communiqués rappelant cet article et relevant les dangers de cette nouvelle monnaie.
Ces mises en garde n’ont toutefois pas été suffisantes pour freiner les transactions cryptomonétiques dans le Royaume. En effet, le trading sur des plates-formes pair-à-pair telles que LocalBitcoins a augmenté de manière progressive sur les 4 dernières années. Entre novembre 2017 et février 2021, les volumes de trading sur la plateforme ont connu une forte hausse de près de 215%.
…MAIS UN INTÉRÊT NON NÉGLIGEABLE
L’interdiction des cryptomonnaies n’a pas empêché certains opérateurs de maintenir leur intérêt dans la technologie Blockchain. À titre d’exemple, l’Agence Nationale de Règlementation des Télécommunications -ANRT- a créé un groupe de réflexion constitué de juristes et de technologues mais aussi d’écoute aux différentes parties prenantes concernées par le sujet. L’objectif de cette initiative est de permettre au Soft Centre, la cellule d’innovation et de R&D logicielle de l’ANRT, d’identifier les enjeux socioéconomiques et règlementaires relatifs à la technologie Blockchain. A l’issue de cette réflexion, le Soft Centre devrait décider la validation de l’initiation d’un projet R&D relatif à la mise en place d’une plateforme Blockchain nationale devant faciliter la création et le déploiement des services Fintech et des Smart Contracts pour les particuliers et les start-up.